Après la Grande Guerre et la venue des volontaires chinois, de nombreux autres travailleurs et étudiants chinois sont arrivés, certains ont même changé la face de l'Empire du milieu au contact des idées révolutionnaires françaises et du socialisme, comme Deng Xiaoping ou encore Zhou Enlai. Depuis, les étudiants chinois venant en France constituent un pont culturel et intellectuel important entre ces deux nations, et constituent eux aussi une part de l'immigration chinoise dans l'Hexagone.
Le séjour des étudiants chinois en France remonte aux années 1870, à la fin de la dynastie Qing. L’envoi d’étudiants à l’étranger pour assimiler le savoir occidental est l’une des réponses à cette exigence. Ainsi un premier contingent de trente personnes part pour l’Amérique dès 1872 ; d’autres iront au Japon, en Europe et notamment en France.
Puis Li Shizeng, ami du premier président provisoire de Chine Sun Yat-Sen, est convaincu qu'il faut s'inspirer des modèles occidentaux pour développer la Chine qui était à cette époque en crise et dans une période de mutation profonde due à la présence de puissances étrangères sur son territoire (Japon, Royaume-Uni, France, ainsi que d'autres nations occidentales se partageant des zones d'influence). Favoriser l'émergence d'idées nouvelles pour doter la Chine d'un système qui lui permettrait de se débarrasser de la présence étrangère et la remettre au-devant de la scène mondiale. Ainsi, dans l'espoir de former une élite intellectuelle, le mouvement Travail-Études naît officiellement en 1912 et favorise le départ vers la France de jeunes étudiants chinois. “L’Association pour les études dans la frugalité en France”, créée par Li Shizeng et Cai Yuanpei (ministre de l’éducation) est en charge de ce mouvement. On estime 4000 à 5000 ressortissants étudiants-ouvriers, qui étaient beaucoup moins nombreux mais mieux connus que la vague de 140 000 travailleurs chinois recrutés lors de la Première Guerre mondiale (Picquart (2004 : 179-212). Le lieu d'implantation principal des étudiants-ouvriers était à Montargis, une commune en région Centre-Val de Loire.
L’Institut Franco-Chinois de Lyon est fondé en 1921, et les étudiants-ouvriers souhaitent y être admis sans concours. Dans le courant de l’été 1921, les statuts de l’Institut se précisent et prévoient que seuls les étudiants recrutés en Chine sur concours pourront être admis. En conséquence, les autorités françaises refusent l’admission des Chinois déjà en France (travailleurs) au profit d’étudiants universitaires chinois. Pour Cai Hesen (ami de Mao, influenceur pour la création du partie communiste et participant au mouvement en question comme son ami) et Chen Yi (ministre des affaires étrangères), il s’agit d’une lutte entre l’éducation aristocratique et l’éducation des masses ; une centaine de ces étudiants-ouvriers décident alors d’occuper illégalement le Fort Saint-Irénée, entraînant une radicalisation du conflit. Cela entraîne des arrestations au Fort Montluc. Les ouvriers tractent dans les rues lyonnaises pour essayer d'obtenir le soutien des Français, sans gain de cause. L’ambassade de Chine et la police française décident de les rapatrier en Chine car ils sont considérés comme des fauteurs de troubles.
Le mouvement Travail-Études prend fin en 1927, alors que de violents affrontements opposent à Shanghai de jeunes militants chinois des soldats de concessions françaises, britanniques et japonaises. L’Institut Franco-Chinois de Lyon sera le dernier appuis aux étudiants chinois venant en France même s’il ne se rapprochera plus des idées de l’ancien système de mouvement Travail-Études jusqu’à sa dissolution lors de l’établissement en 1949 de la République populaire de Chine.
Sources
François Louis H. (2023), Mouvement Travail-Études, Wikipédia, consulté le 5 février 2024,
Le fonds chinois 里昂图书馆中文部, (s. d.), Le mouvement travail-études, consulté le 25 février 2024,
Picquart, P. (2004). L’empire chinois : Mieux comprendre le futur numéro 1 mondial, Histoire et actualité de la diaspora chinoise, Favre.
Wang 王, W, (s. d.), Cai Hesen et Montargis, China Today, consulté le 25 février 2024,