Explorez l'histoire méconnue de la migration chinoise dans les territoires d'Outre-Mer français, des plages de la Guadeloupe à la Polynésie. Découvrez comment une communauté chinoise florissante s'est enracinée, façonnant la vie quotidienne et culturelle des territoires français d'Outre-Mer, depuis le 19e siècle jusqu'à nos jours.
La France d’Outre-mer regroupe les territoires français éloignés de la métropole, tels que la Guadeloupe, la Réunion, la Guyane, la Polynésie française, entre autres, dispersés dans les océans Atlantique, Pacifique et Indien,. Au-delà de leurs plages exotiques et de leurs diverses cultures, ces terres ont été les témoins d'une migration chinoise significative dans le milieu du 19e siècle, précédant ainsi les vagues migratoires du 20e siècle à destination de la métropole. La plupart de ces premiers migrants chinois étaient originaires des régions méridionales, comme le Canton, Macao et Hong Kong. Ces migrants chinois ont différentes origines : les Hakkas, les Teochews, les Cantonais, etc.
Cette migration a été stimulée à la fois par la pénurie de main-d'oeuvre engendrée par l'abolition de l'esclavage en France en 1848 et par les difficultés économique et politique que traversait la Chine suite aux Guerres de l'Opium (1840-1842 et 1856-1860) et à la révolte des Taiping (1860-1865). Dès 1853, une politique d'immigration chinoise fut mise en place dans les Antilles, prévoyant l'arrivée de 10 000 Chinois sur une période de cinq ans, sous des contrats de six à huit ans. Cependant, en réalité, seul un millier de Chinois rejoindront ces territoires au cours de la décennie.
Ces Chinois ont été impliqués dans divers domaines tels que la culture des cannes à sucre, l'élevage des vers à soie et les travaux publics dans la plupart des territoires d'Outre-Mer. Progressivement, les Chinois ont diversifié leurs activités en travaillant dans le colportage, le commerce alimentaire, l'artisanat et l'ouverture d'épiceries de proximité, connues sous le nom de "ti boutik chinois".
Au 20e siècle, une nouvelle vague d'immigrants chinois est arrivée pour des raisons économiques. Ils établissent des commerces et investissent dans divers secteurs tels que la distribution au détail, la distribution de pièces et d'équipements automobiles, le commerce en gros, la bijouterie et l’informatique. Avec l'ascension au pouvoir de Mao et l'éclatement de la Guerre sino-japonaise, très peu de Chinois établis dans les territoires français d'Outre-Mer retournent en Chine.
Aujourd'hui, il est estimé que près de 50 000 Chinois sur une population de 800 000 personnes résident dans les Antilles françaises, tandis que la Guyane compte une communauté d'environ 10 000 personnes d'origine chinoise sur une population de 294 071 personnes. En 2002, la population chinoise représente entre 3 % et 5 % de la population réunionnaise, soit environ 40 000 individus.
Les immigrants chinois ont étendu leurs activités commerciales sur l'ensemble des territoires, débutant par de petites épiceries de quartier et des fabriques pour ensuite se diversifier dans la restauration (snacks et restaurants), les bazars et les activités de grossistes. En Polynésie française, les Chinois possèdent un très grand nombre de commerces.
Parmi ces premiers arrivants, l’apprentissage du français a souvent été secondaire, privilégiant même parfois le créole. En conséquence, leur intégration était plus difficile que celle des générations suivantes en raison des barrières linguistiques. Néanmoins, un certain nombre d'entre eux se sont mariés avec des femmes créoles d'origine européenne, contribuant ainsi au métissage culturel et à l'intégration au sein de la société réunionnaise.
La deuxième génération a, quant à elle, été encouragée à s’intégrer et à poursuivre des études. Nombreux d’entre eux sont devenus fonctionnaires, enseignants, entrepreneurs ou exercent des professions libérales comme médecins, avocats, pharmaciens, etc. Contrairement à leurs parents, ils ont grandi éloignés de leurs racines chinoises et ont souvent négligé l'apprentissage de la langue chinoise.
La culture chinoise est fortement présente au quotidien, notamment à travers la cuisine. De nombreuses spécialités chinoises sont devenues parties intégrantes de la cuisine locale. A la Réunion par exemple, des plats comme les "mines sautées" (nouilles sautées), les "bouchons" (raviolis cuits à la vapeur), le "bol renversé", les "sarcives" (porc grillé et sucré), et le "chop suey" (légumes sautés) sont désormais connus de tous. En Nouvelle-Calédonie, un véritable “melting-pot” d'influences vietnamiennes, indiennes, françaises et calédoniennes est présent, avec des plats tels que les "nems", les "rouleaux de printemps", le "bami" d'Indonésie et le "gâteau claquettes" à base de farine de tapioca et de lait de coco.
Des organisations chinoises locales, comme à la Réunion, organisent régulièrement des rassemblements et des événements culturels tels que la célébration du Nouvel An lunaire et le "culte des ancêtres" renforçant les liens entre la communauté chinoise et le tissu culturel riche et diversifié de ces territoires français d'Outre-Mer.
Sources
• Bardjour, 2021, “Les témoins d’Outre-mer : la communauté chinoise (La réunion)”, Consulté le 25 février 2024
• Dubost Isabelle, 2007, “Au-delà de l’ethnicité : les “Chinois” à la Martinique”, Consulté le 25 février 2024
• https://la1ere.francetvinfo.fr/2014/09/25/les-diasporas-asiatiques-en-polynesie-et-en-nouvelle-caledonie-192936.html
• Kloetzli Sophie, 2021, “Qui sont les Asiatiques des Outre-mer ?”, 2021, Consulté le 25 février 2024
• "L'histoire de la communauté chinoise de la Réunion”, Le Journal de l’île de la Réunion JIR.
• Rihl Daniel, 2019, “l’Histoire d’Outre-mer: une épopée asiatique”, Consulté le 25 février 2024
• Rihl Daniel, 2019, “Outre-mer, une épopée asiatique”, Daniel Rihl, 2019, production Eclectic Production avec la participation de France Télévisions, Consulté le 25 février 2024
• Verzele Jean-François, 2016, “La communauté chinoise d’Outre-mer convertie au catholicisme”, Consulté le 25 février 2024
• Wikipédia, 2023, “Diaspora chinoise”, 2023, Consulté le 25 février 2024
• Wong Hee Kam Edith, 1999, “L’engagisme chinois : révolte contre un nouvel esclavagisme”, Consulté le 25 février 2024