D’une présence remontant au XVIIIe siècle à leur établissement depuis les années 1990, les migrants de Zhejiang ont contribué à forger la dynamique de la communauté chinoise en France. Voici quelques informations clées à leur sujet.
L'histoire de l'immigration chinoise remonte au début du XVIIIème siècle. Au milieu du XIXème siècle, les habitants de Tianmen de la province du Hubei, et de Qingtian et Wenzhou de la province du Zhejiang, arrivent en France, aux Pays-Bas et dans d'autres pays occidentaux d’Europe en passant par la Sibérie. La diaspora de Wenzhou connaît plusieurs vagues migratoires : la première est celle des travailleurs chinois qui ont contribué à l’effort de la Première Guerre mondiale. L’immigration Wenzhou et Qingtian se poursuit durant l’entre-deux guerres dans le contexte de recrutement dans des industries telles que les usines Renault ou Panhard & Levassor, formant ainsi le premier noyau de la communauté chinoise. L’immigration Wenzhou s’arrête durant la Seconde Guerre mondiale et se maintient à des niveaux très bas de 1949-1978 dû au contexte politique instable de la Chine. Elle reprend avec force à partir des années 1980 grâce notamment à la réforme d’ouverture économique de Deng Xiaoping annoncée en 1978. Suite à l’ouverture de la Chine, de nombreux Chinois de Wenzhou et de Qingtian arrivent en France en quête d’une vie meilleure. L’émigration de ces personnes s’expliquerait par le manque d’opportunités à l’époque dans leur région d’origine, elle est aussi motivée par le succès de leurs pairs en outre-mer.
Les immigrants et descendants de Wenzhou représentent entre 50 et 60% des Chinois en France. Sur une estimation de 600 000 personnes issues de la diaspora chinoise en France, cela représente entre 300 000 et 360 000 personnes. Les premiers Chinois à être installés dans le IIIe arrondissement de Paris remontent aux années 1920 et étaient, selon le recensement de 1926, 12. Charles Archaimbault (dans Live, 1992 : 162) estime qu’ils étaient entre 150 et 200 composés d’une majorité de personnes de Wenzhou (9/10) et d’une minorité de Qingtian (1/10) au début des années 1950. Cette communauté vivait dans l’îlot Chalon près de la Gare de Lyon et a ensuite migré dans le IIIe arrondissement (Arts-et-Métiers). Elle s’enrichit de l’apport d’anciens paysans et commerçants dès le début des années 1980, avec des implantations dans le quartier de Belleville à Paris et en Seine-Saint-Denis, en banlieue parisienne. Ces Chinois de Wenzhou ont accompagné les flux marchands de la Chine vers l’Europe dès son entrée dans l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 2001, notamment dans le domaine du textile.
Aujourd’hui, plusieurs communautés au sein de la diaspora Wenzhou se distinguent selon leur quartier d’origine en Chine. Cependant, le “centre” de la diaspora se situe principalement dans le secteur de la restauration à Arts et Métiers, et à Belleville pour les plus fortunés. La diaspora Wenzhou est surtout connue pour leur travail dans la restauration (chinoise et japonaise), la maroquinerie, le textile, la bijouterie, et les commerces de gros (Aubervilliers en Seine-Saint-Denis). Plus globalement, les membres de la diaspora travaillent aussi dans le bazar, ainsi que dans l’informatique et, depuis les années 2010 dans des bars, brasseries, bars-tabacs et commerces alimentaires.
Source
Live, Y.-S. (1992). Les Chinois de Paris depuis le début du siècle. Présence urbaine et activités économiques. Revue Européenne des Migrations Internationales, 8(3), 155‑173.